De sa création en 1919 à sa dissolution en 1967, le 10° RAC, digne héritier des régiments coloniaux a montré malgré sa jeunesse un très fort esprit de combativité tant sur le sol national que sur les théâtres d’opérations extérieures.
S’étant illustré par des faits d’armes heureux mais aussi malheureux, il a fait montre d’un esprit particulièrement combatif, d’une cohésion de corps remarquable et d’un sens du sacrifice démesuré tout au long de ses campagnes ; ses morts et ses nombreuses citations en sont le témoignage.
Portant dorénavant le flambeau de cette belle unité, le régiment du service militaire adapté de la Guadeloupe donne depuis plus de 30 ans tout son savoir-faire, son expérience au profit de la jeunesse guadeloupéenne et a formé depuis sa création plus de 10000 jeunes grâce à ses différentes formations professionnelles.
Le régiment du service militaire adapté de la Guadeloupe est l’héritier de l’emblème et des traditions des glorieuses formations du 10°Régiment d’Artillerie Coloniale et 10° Régiment d’Artillerie de Marine.
Créé et issu du 10°Régiment d’Artillerie Lourd Porté Colonial (RALPC), le 2° Régiment du Service Militaire Adapté est créé le 1er juillet 1964 et prend, la dénomination de Régiment de Service Militaire Adapté de la Guadeloupe le 13 juillet 1976 suite à l’adoption en 1960 par le conseil des Ministres du projet sur le Service Militaire Adapté. Par sa filiation, il reçoit à cette occasion, le 1er juillet 1967, la garde de l’étendard du 10° Régiment d’Artillerie de Marine.
Le 10° RALPC est créé en 1919 . Ses 4 groupes tiennent garnison à Toulon, Marseille, Saint-Raphaël et Nîmes jusqu’en 1929 . Il se regroupe à Saumur puis à Rueil-Malmaison où il prend la dénomination de 10° Régiment d’Artillerie Coloniale le 1er septembre 1940.
Il participe alors à la campagne de France et de Norvège avec ses 4 groupes qui se trouvent en première ligne Narvik, le 28/05/40 . Il totalise à cette occasion 2 citations à l’ordre de l’Armée, 7 à l’ordre du Corps d’Armée et 47 à l’ordre de la Division.
Il stationne ensuite à Fréjus en zone libre jusqu’en 1942 où il est dissous et reconstitué le 5 décembre 1944 puis affecté successivement à la 1ère Division d’Infanterie d’Extrême-Orient, puis à la 3ème Division d’Infanterie Coloniale avec laquelle il fera campagne en Indochine de 1945 à 1955 . Son 4° groupe participe à la bataille de Dien-Bien-Phu où il est entièrement anéanti.
Pendant son séjour en Indochine, il est cité une première fois le 4 mars 1948 à l’ordre de l’Armée avec attribution de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures avec palme.
Le 10° RAC quitte l’Indochine fin 1955 pour arriver en Algérie début 1956 ou sont recréés les 1er , 2°, 3° et 4° groupes du régiment.
Il devient le 10° Régiment d’Artillerie de Marine en 1958 et participe à la guerre d’Algérie par le quadrillage du territoire.
Les 1er , 2°, 3° , 4° groupes sont dissous en 1962 et seul le 5°/10° RAMA subsiste . Il prend la dénomination de 10° Groupe d’Artillerie de Marine et tient garnison à Mers-El-Kébir. Le 10° GAMA, unité mixte malgache est la dernière unité à quitter le territoire algérien en septembre 1967 .
Il est définitivement dissous à son retour en France le 30 septembre 1967 après 27 années de combats en France en Norvège et en Indochine.
Aujourd’hui, la France n’est plus menacée à ses frontières mais d’autres ennemis menacent : chômage, délinquance, fracture sociale... Héritier du 10° RAC, le RSMA de la Guadeloupe doit poursuivre son œuvre et sa mission par l’insertion de la jeunesse guadeloupéenne grâce à ses formations professionnelles.
Afin d’assurer sa pérennité, il doit garder son esprit de conquête pour continuer à attirer les VDSMA (Volontaires du Service Militaire Adapté). Il doit s’ouvrir et se tourner vers l’extérieur en montrant son savoir-faire, sa cohésion et son sens de l’innovation afin d’aider cette jeunesse à s’insérer dans la vie active de la meilleure manière possible.
Le Régiment du Service Militaire Adapté de la Guadeloupe est issu du 2e Groupement du SMA, crée en Guadeloupe le 5 décembre 1961 dans le cadre du Régiment Mixte Antilles Guyane.
Installé à la « Rosette » près du Moule dans des bâtiments prêtés par l’Education nationale, le Groupement reçoit ses premiers matériels et lance le chantier de ce qui sera sa première réalisation : la construction de 10 logements F4 à Cocoyer (au Moule).
Simultanément, il entreprend à 4 kilomètres à l’Ouest de Pointe à Pitre les défrichements qui allaient permettre l’implantation progressive du camp de la Jaille devenu le lieu de sa portion centrale dès le mois de janvier 1963 et où l’ensemble des installations est maintenant regroupé.
Cette appellation de Camp de la Jaille a un fondement historique qui associe le métier des armes à la Guadeloupe et mérite qu’on s’y attarde.
La famille de la Jaille est une vieille famille française originaire de l’Anjou et qui a fait briller ses armes sur les champs de bataille qui ont marqué l’histoire de France, à commencer par Bouvines puis Azincourt dans l’entourage de Jeanne d’Arc.
C’est dans les dernières années du 18° siècle qu’on voit le nom de La Jaille apparaître aux Antilles. En effet un membre de cette famille s’est établi à Baie Mahault où il possédait l’habitation de Petite Terre. Son petit fils, Charles de la Jaille, épousa une demoiselle d’Estrelan (origine du nom de la zone commerciale Destreland) et fonda une famille de douze enfants dont cinq garçons qui se distinguèrent dans l’armée.
Les trois plus illustres sont les généraux François et Charles de la Jaille, lesquels ont participé à la majorité des conflits qui ont agité le 19°siècle et le vice-amiral Edouard de la Jaille.
- Edouard, outre sa brillante carrière de marin, devint sénateur de la Loire Inférieure.
- François se distingua particulièrement pendant les guerres de Crimée en 1854, d’Algérie (1864), du Maroc (1870) et de 1870.
- Charles quant à lui, artilleur polytechnicien, se couvrit de gloire au Mexique et en Italie : campagne de Crimée, campagne d’Italie, guerre du Mexique, guerre de 1870, répression de la Commune…Pendant les vingt dernières années de sa vie, ce général de division, grand officier de la légion d’honneur a été successivement élu sénateur de la Guadeloupe en 1876 et président du comité consultatif de l’artillerie, pour ne citer que ses responsabilités principales. Il contribua notamment au perfectionnement du matériel d’artillerie en faisant adopter de nouveaux types de frein, des lunettes de batterie à micromètre, les obus à mitrailles, les hausses à crémaillères…
On ne peut voir dans la forte densité de bigors présents au RSMA de la Guadeloupe que l’écho de cette lourde hérédité historique.
C’est donc un nom assurément très illustre que porte le Camp où est implanté le RSMA de la Guadeloupe sur la commune de Baie Mahault.